Si tu penses que photographier des paysages, si tu imagines que pour devenir photographe de paysage professionnel, c’est juste appuyer sur un bouton quand on a un joli horizon en face de soi, tu te trompes 🙂

Être photographe de paysage professionnel, c’est un mélange subtil entre patience, techniques, instinct et beaucoup d’adaptation, nécessitant des compétences spécifiques pour ce métier artistique.

Et qui de mieux pour en parler qu’Olivier Steiner, photographe de paysage passionné par les voyages, qui a baroudé aux quatre coins du monde avant de poser ses sacs en Suisse ?

Dans cet article, on plonge dans son parcours, ses formations, ses techniques, ses galères et surtout, ses conseils ultra-actionnables pour celles et ceux qui rêvent de vivre de la photographie de paysage, en faisant carrière dans ce métier.

Allez, c’est parti !

Le site d’Olivier Steiner : osteinerphoto.com
Le compte Instagram d’Olivier : www.instagram.com/osteinerphoto

Écouter l’épisode

Un regard façonné par la nature

Olivier Steiner n’a pas découvert la photo dans un studio aseptisé. Son travail a commencé en pleine nature.

Il a grandi en pleine forêt, dans les Vosges du Nord, entouré d’arbres, de rivières et de rochers sauvages. Avec un père forestier, son terrain de jeu, c’était la nature, son premier appareil et sa passion pour la photographie de paysages s’est développée dès le plus jeune âge.

Résultat ? Un œil aiguisé et un rapport au paysage qui dépasse le simple cliché esthétique, enrichi par des images capturées avec passion et expertise.

« Quand tu ouvres ta porte et que tu es déjà dans les bois, forcément, tu ne regardes pas le monde de la même manière. »

Mais paradoxalement, son premier vrai contact avec la photographie ne s’est pas fait tout de suite. La nature l’a imprégné, mais il lui a fallu une formation ou un déclencheur pour se lancer professionnellement.

Photographie de Olivier Steiner

L’entrée dans la photographie de paysage : un mélange de hasard et de science

La révélation photo d’Olivier ?

Elle commence avec un Canon EOS 5000 que sa mère achète un jour sur un coup de tête. Premier contact avec l’appareil, premières expérimentations en photos.

Mais ce qui l’accroche vraiment, c’est l’aspect physique et optique de la photographie, nécessitant de maîtriser diverses techniques.

« J’ai toujours aimé la science et la mécanique, alors comprendre comment fonctionne l’ouverture, la vitesse, l’exposition… Ça m’a tout de suite intrigué ! »

Son apprentissage, c’est l’autodidacte à fond. Il teste, il rate, il analyse, il recommence. Et surtout, il photographie ce qu’il connaît : la nature, enrichissant ainsi son portfolio professionnel.

L’expatriation : le tournant décisif

C’est aux États-Unis, et plus précisément à Houston, qu’Olivier commence à prendre la photographiede paysage plus au sérieux. Là-bas, il découvre les grands espaces de l’Ouest américain, et c’est une révélation pour sa carrière.

Il part en road trip, il explore, il documente. Le passage à la photographie numérique est une claque. Il achète un Canon 40D, découvre les joies du format RAW et peaufine son approche professionnelle.

Les paysages grandioses des parcs nationaux deviennent son terrain d’apprentissage et d’expérience.

Photographier la nature : un équilibre entre préparation et instinct

Un bon photographe de paysage professionnel, c’est avant tout quelqu’un qui sait jongler entre planification et adaptation, équilibrant ses formations et son instinct.

Et ça, Olivier l’a compris avec le temps, développant ainsi une activité solide dans le domaine de la photographie.

La préparation : indispensable pour capter LA lumière

Pas de place au hasard quand il s’agit d’optimiser une prise de vue.

Les outils de repérage sont ses meilleurs alliés :

  • Applications météo et lumières (PhotoPills, Sun Surveyor) pour anticiper les conditions idéales sur les réseaux sociaux.
  • Analyse des saisons : « Je regarde mes anciennes photos pour noter les meilleures périodes. Je sais que fin août, tel arbre prend une teinte parfaite. »
  • Cartographie : « J’ai repéré des spots où je peux retourner chaque année, avec des angles que j’ai déjà testés. »

Pour renforcer cette préparation, il est également crucial de construire un portfolio solide et de maintenir un blog ou un site web où présenter ses meilleures images et partager des récits de voyages. Cela permet non seulement de montrer son travail de manière cohérente, mais aussi d’attirer de potentiels clients et de collaborer avec d’autres professionnels.

L’improvisation : capter l’inattendu

L’improvisation : capter l’inattendu

Mais parfois, il faut se détacher du contrôle total. Lors de ses voyages, il adopte une approche différente :

« Je ne peux pas tout prévoir. Parfois, une photo incroyable se fait à 14h en pleine lumière, alors que tout le monde attend le coucher du soleil. »

C’est cette capacité d’adaptation qui fait la différence entre un photographe qui capture de belles images et un véritable artiste du paysage.

Photographie de Olivier Steiner

Devenir photographe de paysage professionnel : comment en vivre ?

On ne va pas se mentir : vivre de la photographie de paysage, c’est un sacré challenge. La passion ne suffit pas, il faut une stratégie business.

Vendre ses clichés : œuvres d’art ou micro-stock ?

Olivier a testé plusieurs approches :

  • Vente d’agrandissements et tirages d’art : parfait pour les amateurs d’images uniques
  • Micro-stock : intéressant pour diversifier ses revenus, mais très concurrentiel sur les réseaux sociaux.
  • Travail pour des marques outdoor : « J’ai collaboré avec des marques de montres, d’équipements… ça ouvre des portes ! »

L’enseignement : transmettre son savoir

Avec son diplôme d’accompagnateur en moyenne montagne, Olivier propose des stages photoen pleine nature. Son approche ? Plus qu’une formation, une immersion professionnelle.

« Je veux que les gens ressentent ce que c’est de passer une nuit en montagne, de capter la lumière parfaite, de se connecter au paysage. »

Des bivouacs, des randonnées photo… Bref, un mélange parfait entre aventure et apprentissage.

La diversification des plateformes

Pour ne pas dépendre d’une seule source de visibilité, Olivier a appris à diversifier ses plateformes de diffusion. En plus d’Instagram, il utilise YouTube pour partager des vidéos de ses expéditions, Pinterest pour inspirer les amateurs, et un blog personnel pour détailler ses techniques et expériences.

Cette diversification lui permet d’atteindre un public plus large et de sécuriser sa présence en ligne même si une plateforme subit des changements d’algorithme.

Les secrets d’un bon photographe de paysage

Avant de se quitter, quelques conseils d’Olivier Steiner pour percer dans le milieu :

1. Apprends à connaître ton matériel

Prends une journée, teste chaque ouverture, chaque ISO. Comprends ton appareil sur le bout des doigts.

Cette immersion totale te permettra non seulement d’apprivoiser ses réglages, mais aussi d’anticiper ses réactions face à différentes lumières et conditions, améliorant ainsi tes compétences professionnelles.

En maîtrisant ces paramètres instinctivement, tu pourras te concentrer pleinement sur la composition et l’émotion de tes images plutôt que sur la technique. »

2. Travaille ton regard avant ta technique

Un bon photographe de paysage ne suit pas une recette. Il ressent l’environnement, il observe, il compose.

Cette approche intuitive est essentielle, car chaque lieu, chaque instant possède une atmosphère unique qui ne peut être capturée par des réglages prédéfinis, enrichissant ainsi ton style.

Un bon photographe de paysage ne se contente pas d’appliquer des règles techniques :

  • il interagit avec son environnement,
  • perçoit les subtilités de la lumière,
  • de la météo
  • et des éléments qui l’entourent.

C’est cette capacité d’adaptation et de sensibilité qui transforme une image en une œuvre d’art qui raconte une histoire.

Photographie de Olivier Steiner

3. Ne te contente pas de la golden hour

Sors en pleine journée, en pleine tempête, expérimente ! C’est en sortant des sentiers battus que tu développeras un style unique.

La photographie de paysage ne se résume pas à suivre des règles rigides sur la lumière ou l’heure idéale.

C’est en explorant, en tentant des prises de vue atypiques, que tu apprendras à maîtriser les contrastes, à jouer avec les éléments et à saisir des atmosphères inédites.

Ose capturer l’inattendu, c’est comme ça que tu te démarqueras vraiment en tant que photographe.

4. Sois patient et persévérant

Une bonne photo, ça prend du temps. Parfois, j’attends des jours pour avoir la bonne lumière.

La patience est ta meilleure alliée, car la nature ne se commande pas, elle se capte avec passion.

Attendre la bonne lumière, c’est accepter de laisser l’environnement dicter son propre rythme, d’observer les variations subtiles du ciel et des ombres, et de comprendre que c’est dans cette attente que naissent les clichés les plus marquants.

Chaque élément du paysage prend alors toute sa force et son intensité, offrant des images qui racontent une histoire bien au-delà d’un simple instant figé.

Conclusion : à toi de jouer !

Conclusion : à toi de jouer !

Photographe de paysage professionnel, ce n’est pas juste un titre. C’est un mode de vie, un mélange d’exploration, de passion et de stratégie.

Si tu rêves d’en faire ton métier, inspire-toi du parcours d’Olivier, applique ces conseils, et surtout… sors shooter !

Envie de suivre les projets d’Olivier ?

Son Instagram et son site web sont les meilleurs moyens de découvrir ses dernières images et ses stages photo en pleine nature.

Photographie de Olivier Steiner

Vous voulez en savoir plus ?

Écoutez ou regardez l’épisode complet du podcast Libre et Photographe avec Olivier Steiner pour découvrir tous ses conseils, ses techniques de formation, et son parcours inspirant dans le mondede la photographie paysage.

Vous pouvez aussi écouter l’épisode sur vos plateformes habituelles :

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Transcription intégrale de l’interview

Bonjour à tous et bienvenue dans ce nouvel épisode de Libre et Photographe. Ce podcast est là pour vous accompagner et vous donner les clés pour développer une activité photo pérenne rentable, en évitant les pièges et en apprenant des meilleurs. Pour rappel, Libre et Photographe, eh bien, vous propose deux formats.

Le premier, ce sont les interviews, où l’on découvre le parcours et l’expérience de photographe qui ont réussi, qui ont bâti leur succès. Et le deuxième format, ça s’appelle la leçon, où je partage des conseils concrets de photographe pro pour structurer et booster votre activité de photographe.

Je suis Régis Moscardini, coach et photographe depuis 2013. Après avoir quitté l’éducation nationale, eh bien, je vis à 100% de ma passion.

Mon objectif est clair, vous aider à structurer votre business photo et attirer des clients pour en vivre pleinement. Aujourd’hui, je vous emmène dans l’univers captivant de la photographie de paysage avec un parcours incroyable de photographe, c’est celui d’Olivier Steiner. Olivier Steiner, eh bien, est photographe de paysage et aventurier dans l’âme. Son parcours est inspirant, élevé en pleine nature, en les Vosges du Nord. Il a exploré, eh bien, le Texas, le Pérou et vit aujourd’hui en Suisse, au cœur des Alpes.

Prof de physique chimie, il a su transformer sa passion pour l’image en un véritable savoir-faire, mêlant exploration et photographie.

Dans cet épisode, on explore, eh bien, son parcours, une enfance au contact de la nature qui façonne son regard de photographe, son apprentissage d’autodidacte de la photographie et ses expériences aux quatre coins du monde. Et on verra aussi sa vie de photographe pro, son passage du loisir à une activité rémunérée, comment il a trouvé ses premiers clients et son approche de la photo, de paysage et ses stages en montagne.

Dans cette interview, Olivier partage ses réussites, ses défis, ses conseils pour tous ceux qui rêvent de capturer la beauté des paysages et en vivre. Alors installez-vous confortablement et c’est parti pour un voyage au cœur de la photographie de paysage. Bonne écoute. Bonjour Olivier. Bonjour Régis.

Je suis ravi de t’accueillir pour ce nouvel épisode de podcast. Comme très souvent, on s’est rencontrés sur Instagram, c’est-à-dire moi qui t’ai contacté. Je t’ai proposé de faire cette interview, tu as accepté très gentiment parce que, voilà, je trouve ton parcours assez inspirant déjà, forcément, et puis aussi cette photographie de son, évidemment.

Et donc, voilà, j’ai souhaité, quelque part, c’est une démarche un peu égoïste parce que j’ai d’abord envie, en fait, de connaître plus le photographe. Mais finalement, puisqu’on discute ensemble, autant mettre ça sur la place publique et comme ça, tout le monde peut profiter. Voilà pour la petite histoire.

Comment ça va ? Ça va pas mal. Comme je te le disais au début, je suis en vacances, donc je commence à profiter doucement.

Ok, c’est parfait. Donc, dis-nous déjà, première chose pour se situer, tu n’es pas en France ? Non, je ne suis pas en France. Ça fait, enfin, sur les 15, 17 dernières années, j’ai pas mal bougé, en fait. Je n’ai passé que deux ans en France, en 17 ans. Et là, ça fait un peu plus de 4 ans que j’habite en Suisse. Un peu photographie dans ce premier temps.

L’intérieur se fera en deux temps. Au premier temps, on parle de ton expérience de photographe, tout ce qui est lié autour de ça. Et puis après, on ira sur celui de côté plus entrepreneur, ce que tu as mis en place pour, on dirait chose frûlement, mais voilà, pour gagner de l’argent grâce à tes compétences photo. Alors, si on revient, on fait un bon retour en arrière. J’ai pris le temps de regarder un petit peu ton parcours, sur ton site et tout ça. Oui, sur ton site, la fameuse page à propos. Donc, tu as grandi dans les Vosges du Nord.

J’imagine que cette ambiance a forcément façonné, en fait, finalement, cet environnement, ce lieu-là a forcément façonné ton regard de photographe déjà. Et puis aussi, peut-être, ton approche, peut-être même de la vie, carrément, non ? Oui, totalement, effectivement. Pour être plus précis, mon père était forestier. Donc, j’ai vraiment grandi en forêt. J’ouvrais la porte, j’étais directement dans les bois. Avec les étangs, les rochers, etc.

Un peu spécifiques, caractéristiques des Vosges du Nord. Donc, c’est certain que ça aiguise l’œil, en fait. On voit les choses pas forcément de la même façon que Monsieur Tout-le-Monde, parce que l’environnement n’est pas une ville, n’est pas le truc classique. Donc, ça, c’est certain que ça met un petit peu le pied à l’étrier. Ça donne envie de passer du temps en forêt. Ça donne envie de profiter d’un paysage, d’aller voir les animaux. Et puis, le papa forestier, ça donne un petit peu des connaissances aussi.

Ça donne des raccourcis vers tout ça. Donc, c’est certain que ça donne les deux dimensions que tu viens de citer, en fait. D’un côté, ça aiguise l’œil. De l’autre côté, tu as une approche de la vie qui va être un peu différente. Quand tu te retrouves dans une grande ville, au départ, quand tu as 18 ans et que tu pars faire tes études, ça fait un peu une claque quand même.

Quand tu passes de la forêt, littéralement, je crois que la première maison, quand j’habitais dans la maison forestière avec mes parents, la première maison du voisinage devait être à 700-800 mètres à bol d’oiseau. Donc, on était vraiment isolés.

Et donc, se retrouver à faire des études dans une grande ville, ça change un petit peu la donne, effectivement. Et là, on se rend compte que, finalement, l’être humain est capable de faire des environnements de vie, des lieux de vie complètement différents les uns des autres, ce qui est assez incroyable, finalement. Mieux ou pas mieux, bien ou pas bien, finalement, ce n’est pas la question. C’est juste que c’est très, très différent.

Par contre, tu as su t’adapter, j’imagine, quand même à ce nouvel environnement. Oui, complètement. Et là, effectivement, comme tu parlais de l’œil du photographe, je pense que j’ai tiré énormément de plaisir aussi à habiter en ville, à faire des photos de ville, notamment durant des voyages, durant des expériences à l’étranger.

On s’adapte parce qu’on essaie de tirer le positif de tout, en fait, de la situation dans laquelle on se retrouve. Je me suis retrouvé à habiter à Houston, au Texas. Il est certain que ce n’est pas du tout la même chose que ma petite forêt avec la première maison à un kilomètre, quasiment.

Là, j’étais dans, je ne sais plus, 6 ou 8 millions d’habitants, deux heures et demie de traversée en voiture. Enfin, voilà, c’est des choses complètement différentes. Mais ça reste une curiosité, ça reste un challenge aussi pour le photographe. Je me rappelle avoir passé des soirées entières au coucher de soleil ou en début de nuit, en fait, à faire des photos de skyline, de photos un peu urbaines, en fait, qui restent du paysage parce que finalement, c’est quand même mon dada, ça reste la photo de paysage.

Je pense qu’il y a quand même effectivement des choses super intéressantes avec la ville. Comme tu l’as dit, c’est des environnements complètement différents que l’homme a su créer.

Est-ce que c’est bien ? Est-ce que c’est moins bien ? Je pense que c’est à chacun de déterminer. Personnellement, j’ai besoin de forêts, de montagnes, etc. Mais j’ai apprécié énormément mes bonnes dizaines d’années dans des très, très grandes villes à gauche et à droite.

Et le monde, finalement, parce qu’on parle en gros de l’environnement construit ou pas construit, finalement, naturel ou bétonné, on va l’appeler comme ça, même si c’est forcément réducteur. Mais par rapport au rapport aux gens, finalement, quand tu dis que la première maison était à 700-800 mètres, forcément, tu ne parles pas à beaucoup de personnes, sauf à ta famille.

Quand tu es dans un environnement hyper citadin à Houston avec des dizaines de milliers de personnes au kilomètre carré, comment toi, tu vis cette hyper proximité ? Au début, c’est vrai que la transition se fait en fin d’adolescence. À l’université, on quitte la maison, le foyer pour aller apprendre des choses.

Là, effectivement, il y a un temps d’adaptation qui se fait. Je n’ai pas trop de mauvais souvenirs, donc ce n’est quand même pas si mal. Quand j’arrive à Houston, par exemple, mon but, c’est d’en profiter.

J’ai 28 ans, je crois, à ce moment-là, ou 29 ans. J’arrive là, je me dis que c’est de vivre une expérience complète. Du coup, à ce moment-là, j’avais déjà commencé la photo, mais vraiment en amateur, du dimanche, on va dire, pour ne pas vouloir être péjoratif, mais avec des envies de faire des choses, une grande curiosité avant toute chose, et je faisais surtout à ce moment-là beaucoup d’escalade.

Mon but, ça a été de sortir du noyau français, de me retrouver avec des locaux, découvrir un petit peu le microcosme grimpeur local. J’ai essayé directement, je crois que je n’étais même pas arrivé depuis deux semaines, que j’avais déjà des contacts de grimpeurs, des clubs à gauche, à droite. Et c’est ces gens-là qui m’ont vraiment aidé de façon inconsciente en allant grimper les week-ends, etc. , mais qui m’ont permis de prendre contact, de lier des conversations, de lier des amitiés.

Il y a encore des gens avec qui j’ai des contacts réguliers maintenant, ça fait presque 20 ans.

Donc, c’est vrai que c’est ces contacts-là, sur des passions, qui m’ont permis de crever un peu l’abcès, de faire le pas en avant entre la forêt très isolée avec, comme tu disais, l’environnement familial proche, et puis un environnement complètement différent auquel j’étais totalement étranger, très citadin, très urbain, américain, texan, enfin voilà, les grandes illocences qu’on peut imaginer.

Il y avait tout, en gros, quasiment tout ou rien. Aussi, tu as eu cette intelligence-là de t’adapter, aussi d’avoir la curiosité d’aller au contact des gens et de ne pas juste être un mur. Après, si tu y vas, c’est que forcément, tu as aussi une envie d’y aller, donc, clairement, tu ne vas pas y aller là-bas pour faire le contraire de ce qu’il faudrait faire.

Mais c’est vrai que la photographie, quand même, très souvent, ça dépend quand même des thématiques. Sur une thématique, je lance la tienne, qui est celle de la photographie paysage, donc plutôt, on va dire, solitaire.

Donc, c’est vrai que ce n’est pas forcément non plus, si on fait ce genre de photographie-là, c’est qu’on a besoin probablement de ce temps de méditation, c’est méditatif dans la photographie. Et donc, on peut être parfois un petit peu, je ne suis pas mal à l’aise, en tout cas, pas forcément être à son aise avec beaucoup de personnes.

Si on revient un peu, toi, sur, donc, tu as dit 27-28 ans à Houston, tu commençais un peu la photographie. Justement, la photographie, comment elle est apparue dans ta vie ? Parce qu’on peut très bien être fils de forestier et vivre dans les Vosges les plus sauvages possibles sans avoir forcément envie d’appuyer sur un bouton d’appareil photo.

Comment c’est rentré ? C’était quoi tes premières expériences ? Oui, c’est tout à fait juste. On n’est pas obligé d’avoir un appareil greffé à la main. Je pense qu’il y a deux facteurs. Je me rappelle d’un oncle qui faisait un peu de photo en étant jeune. Il y avait toujours des réflexes qui traînaient à gauche, à droite quand il venait chez nous.

Et puis, surtout, je crois que ma mère, je devais avoir 14-15 ans, qui, un jour, craque, achète un réflexe d’entrée de gamme, un Canon, pour ne pas le citer. Je crois que c’était à l’époque un EOS 5000, bien sûr, en argentique. Un truc qui m’a permis, quand même, d’avoir un réflexe. D’avoir un réflexe dans les mains, d’avoir un objectif, de commencer à comprendre quelques données.

J’étais déjà, on l’a pas dit, mais je suis prof de physique en même temps. La physique, la science, ça a toujours été un truc qui m’intéressait. Avoir un appareil dans les mains, c’était de la physique, en fait.

C’était une curiosité mécanique et physique. Et optique, bien sûr, absolument. Comprendre ce que c’était qu’une ouverture, une vitesse, etc. Ça a été quelque chose de super intéressant d’un point de vue scientifique. Derrière ça, après, il y a l’approche un peu plus artistique. J’habite en forêt à ce moment-là, j’ai 15-16 ans, il y a un coucher de soleil magnifique. Je prends mon vélo, je descends 500 mètres, il y a un petit étang.

Il y a des reflets, il y a des couleurs, il y a des arbres, il y a l’automne. C’est pas mal de sujets qui invitent à appuyer sur le déclencheur.

Est-ce que c’est bon ? Parfois c’est bon, mais c’est un peu comme tout le monde. Quand on ne connaît pas ce qu’on fait, il y a de temps en temps un bon cliché. Il y en a 300 ou 400 autres qui ne sont pas super, qui sont assez moyens. C’est ce petit jeu de se dire de temps en temps qu’il y a un truc qu’on n’attend pas.

C’est super, d’autres fois on attend plein de choses. Quand on a encore cette attente, quand on va développer son argentique, quand on l’envoie à l’époque, je ne sais pas, c’était la FNAC ou Photoservice, quand on reçoit le paquet dans les mains, on se dit que c’est complètement pourri, un peu tremblant, et des fois c’est nul, et des fois c’est quand même pas mal.

Mais c’est sans savoir ce que je faisais vraiment. Ça, c’était la première approche de débutant. Une curiosité liée à l’objet en lui-même, j’ai l’impression, ce qui est souvent un peu le cas pour les hommes dans le monde de la photographie, un peu par l’objet, le côté geek.

Moi en tout cas, c’est comme ça que je suis rentré là-dedans. Et puis après, on creuse l’affaire et on se rend compte qu’il y a des belles choses à faire. Et puis on va aller à fond dans la thématique, dans le sujet. Tu t’es formé comment finalement ?

Vraiment comme tu viens de le décrire, c’est-à-dire vraiment sur le tas, essais, erreurs, un peu à la méthode presque scientifique. C’est-à-dire qu’en gros, tu as des hypothèses.

Tiens, j’ai essayé de faire ça. Tu testes, tu vois les résultats, tu rectifies. Ça t’approche un petit peu comme ça ou tu as pris des cours très vite et puis tu te dis non, je veux vraiment être bon rapidement ? C’est vrai que je suis un gros autodidacte. Donc presque tout ce que je fais, ça a été beaucoup d’autodidactes, que ce soit le vélo derrière, le ski, etc.

C’est un peu pareil. Donc non, au début, je pense qu’il y avait cette curiosité un peu geek. Et puis d’être dans un sujet qui m’intéressait aussi, ça facilitait la chose.

Et en fait, il y a eu un temps de pause entre cette adolescence-là où je faisais quelques photos de temps en temps, un rouleau qui partait, 36 poses, qui partait au développement et qui revenait. Un peu plus tard, quand j’ai commencé à voyager, c’était l’escalade qui me faisait voyager en fait. Donc en gros, le truc, c’était un objectif pour l’été. On se donnait un mois, cinq semaines pour réaliser l’objectif et c’était une excuse à faire des photos en même temps.

Donc là, ça a commencé à venir un peu plus avec des premiers bridges qui étaient faciles à transporter sur les parois aux montagnes. Et puis toujours ce réflexe qui était devenu le mien finalement, c’était plus celui de ma mère à ce moment-là.

Et donc là, c’est effectivement ça. On prend des photos de tous les côtés un peu pour amener un témoignage d’une aventure. Et on se rend compte qu’en pratiquant, on progresse finalement. Donc comme tu le disais, on fait un petit peu des erreurs, on les corrige, etc. Et ça attise la curiosité.

Pourquoi est-ce que là, ça marche ? Pourquoi est-ce que là, ça ne marche pas ? Donc moi, à ce moment-là, il n’y avait pas Internet comme maintenant pour trouver un tuto YouTube, etc.

Donc j’ai commencé à chercher des bouquins, à essayer de comprendre des règles qui me permettaient d’avoir des photos de meilleure qualité un peu tout le temps en fait. C’est vrai qu’aujourd’hui finalement, on peut assez facilement sur Internet, on peut se faire des moodboards.

C’est-à-dire qu’en gros, tu vas un peu sur Twitter, sur Instagram, sur Internet évidemment, et tu vas pouvoir chercher des photographies qui te plaisent et essayer de tendre un peu vers ça pour donner une espèce de cap. À l’époque, parce que moi aussi j’ai connu cette époque-là, il n’y avait pas tout ça.

Comment toi, tu aiguises ton œil de photographe ? Au sens de, comment tu arrives à savoir que tu as envie d’avoir ça comme résultat ? Alors il y a les magazines déjà, ça c’est le premier truc en fait. Je pense qu’à l’époque, les magazines comme Geo, National Geographic, puis les magazines d’escalade ou de montagne qui contenaient pas mal de clichés vraiment sympas suivant les photographes bien sûr qui avaient documenté la chose. Donc ça, c’était une source d’inspiration.

Mais je pense qu’à ce moment-là, jusqu’à mon départ aux États-Unis, je pense que je n’avais pas encore la notion de « je vais faire la photo que j’ai envie de faire ». C’était « je vois un truc, j’appuie dessus, et avec un peu de chance, ça va me donner un truc sympa derrière ».

Et je pense quand même que dans 90% des cas, la photo que j’obtenais était une surprise. Parce que comme tu l’as dit, je suis resté longtemps dans l’argentique.

À la fin, je faisais de la diapo surtout pour pouvoir faire des agrandissements et des trucs comme ça. Mais avec toujours cette espèce de frustration de ne pas savoir vraiment ce que je faisais. C’est-à-dire qu’il y a toujours la surprise derrière. Et je pense qu’il y a eu un déclic vraiment lors de mon arrivée aux États-Unis où là, je suis passé sur du numérique. Je suis arrivé très vite, je me suis dit…

J’avais un au début, je suis parti avec deux valises. Je ne me suis pas trop cassé la tête. Il y avait une valise avec du matériel d’escalade, une valise avec le reste. Et puis, je suis arrivé, je me suis dit je vais quand même documenter tout ça. J’avais un petit Canon de base, même pas un réflexe. Et au bout de trois mois, je me suis dit il faut arrêter les bêtises. Il faut quand même s’équiper un peu plus sérieusement.

Donc, j’ai investi à ce moment-là dans un Canon. C’était un EOS 40D à ce moment-là. Oui, avec des menus en anglais en américain. Voilà, faute idée. Et du coup, oui c’est ça. Parce qu’il n’était pas le rebelle ou quoi que ce soit. Donc là, le 40D, ça a été un gros pas en avant avec quelques objectifs sympas dessus.

Et là, je pense que c’était vraiment le déclic parce qu’il y avait une énorme curiosité. Comme tu l’as dit au départ, je suis parti par curiosité. J’avais envie de découvrir autre chose. J’ai eu une opportunité professionnelle à ce moment-là. Et derrière, du coup, il y avait cette envie de documenter un peu tout en fait.

Avec bien sûr, une énorme envie d’aller dans la nature américaine. Tous ces parcs qui me faisaient rêver quand j’étais plus jeune.

Et je pense que là, entre le matériel que j’ai eu dans les mains et les sujets qui ont été offerts, je shootais beaucoup, beaucoup. Alors bien sûr, je viens de l’argentique.

Donc je ne mitraille pas 10 000 photos par shooting. Je reste relativement modeste. Sur une année fast, je pense que j’ai dépassé rarement 12 000 photos en fait. Ce qui reste très peu finalement pour du numérique. J’ai un petit peu changé ça depuis.

Ma façon de faire a évolué aussi. Et du coup là, je pense qu’entre cette curiosité, les sujets qui étaient offerts, qui étaient faciles entre guillemets quand tu viens de mon petit hameau de forêt et que tu arrives d’un coup dans le Grand Ouest, dans une ville comme Houston qui est particulière quand même malgré tout.

Tu te retrouves à avoir plein de choses à faire. Donc du coup, tu vas passer beaucoup de temps à faire des photos. Tu vas voir ce qui marche, tu vas voir ce qui ne marche pas. Là du coup, tu rencontres des gens aussi. Ils te donnent des trucs.

Quand tu viens sur un lac le soir, tu es rarement seul. Tu vas voir 20 photographes. Tu discutes, tu apprends des choses. C’est là que je suis passé. Au Rho par exemple, je n’étais plus dans le JPEG.

Au début, c’était dans le JPEG. Là, je suis passé au Rho. Dans les parcs nationaux américains, c’est pareil. Tu vois des trucs. Tu commences à voir des photos que tu fais qui ressemblent à celles que tu as vues dans les magazines. Il n’y a pas encore Instagram, tout ça. Mais tu commences à aller sur Internet.

Tu commences à avoir des pros qui ont des sites web avec des explications, des choses comme ça. Et ça, c’est un petit peu ma prise d’envol. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à en faire une passion débordante qui commençait à rivaliser avec l’escalade. C’est-à-dire qu’il y a des moments, des vacances classiques aux Etats-Unis.

J’étais prof là-bas aussi. J’avais presque 3 mois de vacances. En gros, je partais d’Houston avec la voiture. Je roulais 10 000 km plein Ouest. Ça me prenait 2 jours ou 3 jours.

Enfin, 10 000 km au total. Ça me prenait 2-3 jours pour aller dans l’Ouest. J’arrivais dans les parcs que je voulais explorer. Et puis, il y avait en gros moitié photo, moitié escalade et randonnée. Je faisais des photos durant l’escalade et la randonnée aussi.

C’était une approche particulière. Tu l’as dit au départ, quand on est photographe de paysage, ça peut être frustrant pour soi parce qu’on est avec des autres. Et ça peut être frustrant pour les autres parce que tu veux absolument attendre la super lumière et au bout de 3 heures, tu n’as pas bougé.

Et ça, c’est un truc particulier parce que je me suis bien rendu compte que je ne pouvais très vite être pas forcément la personne la plus agréable pour aller partir en balade parce que je voulais m’arrêter là et pas ailleurs.

Et donc, j’avais des moments sur mes 3 mois où je pouvais me passer 2 semaines tout seul à faire la même photo du même lac pendant 3 jours en variant les horaires, les points de vue, les angles, des choses comme ça. Qui va au fond des choses, au bout des choses et qui, quelque part, va s’activer à faire en sorte que la photographie, à la fin, soit… Je pense qu’on n’est jamais vraiment satisfait d’une photographie.

Mais quand même, tu vas éviter au maximum cette espèce de sensation de travail pas accompli. C’est vraiment une description géniale, en plus qui fait rêver parce que, quoi qu’on en dise, on est plutôt baigné par cette culture américaine, notamment par rapport aux films qu’on a pu voir.

C’est vrai que c’est grands espaces. On pense tout de suite au Yellowstone, mais d’autres aussi, probablement, que je n’ai pas en tête. La question qui me vient, je ne sais pas si c’est facile à répondre parce que tu me diras… Je me dis que si on me posait la question, moi, quelle est la particularité des photographes français, je ne saurais pas trop quoi dire. Mais du coup, je te pose quand même la question.

Comme tu as côtoyé des photographes américains, est-ce que la culture américaine n’est pas celle de la France, évidemment, ne serait-ce que dans le business, ça n’a rien à voir, par exemple, sur le rapport à l’échec, le rapport aux essais, à l’entreprise, ce n’est pas du tout la même chose,

Est-ce que les photographes américains, tu sens qu’il y a une différence, peut-être de point de vue, de façon de procéder, vraiment différente de celle des français, même si déjà dans les français, il y a plein de différences, mais est-ce que tu notes des différences comme ça ?

Comme tu l’as dit au début, c’est assez dur d’y répondre. Surtout, c’est parce que c’est là que j’ai pris mon envol en fait. Donc, c’est vrai que j’ai commencé à approcher la photo semi-pro et pro aux États-Unis. Donc, premièrement, le truc que j’ai vu, c’était que même les pros que j’ai rencontrés étaient toujours super approchables.

Je me rappelle d’un site par exemple qui n’a pas de GPS sur Internet qui traîne avec des coordonnées, etc. C’est un site un peu « secret », c’est-à-dire de moins en moins.

C’est une pierre horizontale en fait avec des pétroglyphes indiens qui est derrière des montagnes, etc. J’ai passé 2-3 jours à faire des triangulations avec des photos que je trouvais pour trouver l’endroit, etc. Je me suis baladé dans le désert du coin et tout. Au bout de 2-3 jours, je trouve ce coin-là et je suis revenu régulièrement les années suivantes.

Je tombe à un moment sur un type qui vient de Los Angeles, qui est un photographe pro, qui vient de là-bas, qui fait des workshops, qui fait des agrandissements. Tu trouves des agrandissements de lui dans certaines galeries aux États-Unis, etc. Le type est super approchable, il donne directement des trucs.

Il n’y a pas trop cette espèce de jalousie gardée que j’ai pu voir parfois, je ne dirais pas forcément en France, mais peut-être en Europe. Et pour une raison très simple, c’est que c’est gigantesque, c’est grand, même si tu vas te retrouver parfois avec des sites où tout le monde est là et alors que tu fais 100 mètres de plus, il n’y a plus personne et c’est tout aussi beau. C’est cette différence-là que j’ai peut-être pu trouver. C’est ce côté assez généreux qu’on a tous.

Parfois, je me faisais approcher de la même façon, je donnais mes trucs, etc. Après, par contre, il y a aussi un truc qu’on retrouve dans la photo, mais qu’on retrouve un peu dans tous les domaines de l’outdoor américain, c’est ces endroits où ils concentrent une foule incroyable. Il y a un truc dans l’Utah qui s’appelle Mesa Arch, c’est une arche qu’on a tous vu dans les magazines, avec un lever de soleil qui se fait dans l’arche, c’est absolument splendide.

Je me pointe là-bas un matin, il devait être 5 heures du mat, il y a déjà 150 personnes, chacun à ses quelques centimètres carrés réservés, je me dis « Ok, c’est bon, je m’en vais ».

Il n’y avait plus rien pour moi et je suis quand même encore mon petit forestier, un petit peu allergique au monde parfois. Donc, j’ai pris la voiture avec le pote avec qui j’étais, on a roulé 2 kilomètres, on s’est trouvé un spot magnifique.

Alors, il n’y avait pas d’arche, mais il y avait plein d’autres trucs qui étaient super et ça fait une photo magnifique aussi. Donc, c’est un petit peu ces deux trucs-là que je trouve aux Etats-Unis. Il y a ce côté concentration, tout le monde va faire la même photo, même endroit, presque au même moment.

Alors que tu fais un petit peu un effort, que ce soit même avec la voiture, tu t’éloignes un petit peu de l’endroit connu et d’un coup, ça du coup, ce n’est pas secret parce qu’il n’y a personne qui connaît en fait.

Et donc, du coup, tu te retrouves à profiter d’un endroit, d’un calme absolu. Et souvent en fait, quand tu rencontres des photographes et que tu rentres un petit peu dans leur jeu, qu’ils comprennent, que tu as l’habitude, etc. , ils vont te dire « marche 200 mètres, tu verras », avec un petit sourire et puis bon, tu as compris quoi.

Ok, ça marche. Excellent. Tout à fait.

J’imagine, j’ai eu la chance d’aller il y a quelques années maintenant, deux semaines ou trois semaines presque aux USA et c’est vrai que ce que tu décris là, je le ressens un petit peu. Je n’ai pas fait de photographie là-bas au sens de vraiment faire une vraie démarche de photographe, mais je vois tout à fait ce que tu veux dire par rapport à la description de leur état d’esprit finalement.

Et c’est vrai qu’on est peut-être plus sur un côté chasse-gardée en France, alors que là-bas, il y a beaucoup plus peut-être de partage, mais ça s’explique par leur culture, peut-être aussi leur environnement. Alors maintenant, par rapport à toi, ce que tu fais vraiment comme ta démarche de photographe, mais vraiment presque plus sur l’aspect technique, si tu veux bien nous en parler, parce que c’est important.

On aime tout ça quand même, la technique, donc c’est… je suis éditeur aussi, j’aime cette partie-là. On va se focaliser sur une photographie de paysage, tu pourrais même nous choisir une photographie qui t’a marqué, que tu as peut-être fait récemment. C’est quoi ta démarche dans les grandes lignes ?

Peut-être du repérage, tu vois, à la fin, la part que prend le post-traitement, la part que prend la préparation peut-être sur des logiciels qui existent maintenant pour repérer le coucher de soleil. On sait que maintenant pour préparer une photographie de paysage, il y a quand même des outils qui sont juste géniaux. Un petit peu sur ces grandes étapes-là et puis quelle part elles peuvent prendre dans ton processus ?

Il y a plusieurs aspects en fait, je n’ai pas forcément une routine unique suivant la photo que je vais faire. Il y a les photos d’endroits que je connais, j’essaye de ne pas rouler trois heures pour aller prendre une photo. Je suis vraiment attaché à la proximité quand même, c’est un truc qui me tient vraiment à cœur. Et donc, il y a deux aspects, il y a vraiment la photo de proximité où là, je vais me retrouver à faire des photos d’endroits que je connais, que je maîtrise.

Et donc là, je vais utiliser les outils que tu as pu décrire. J’ai deux ou trois applications qui me permettent de préparer un petit peu les choses. Je vais savoir que tel arbre, si j’attends le mois de septembre, le coucher de soleil se fait comme ça, le lever de soleil se fait comme ci.

Et donc là, effectivement, il y a une planification qui va être importante. C’est-à-dire que du coup, il n’y a pas vraiment de place au hasard. Il n’y a plus vraiment la surprise parce que c’est quelque chose que je connais, que je maîtrise. Quand j’habitais près de Berne par exemple, j’avais deux arbres que je trouvais magnifiques.

En haut d’une colline, j’ai dû les photographier 5 000 fois au moins. Mais ça a été pendant des orages, pendant les couchers de soleil, pendant des périodes d’enneigement, vraiment toutes les quatre saisons. Pardon, je te coupe, mais en gros, c’est limite, tu te fais un rappel sur ton calendrier par exemple ?

Oui. J’ai des petites notes. Je n’ai pas forcément de rappel sur le calendrier, mais j’utilise Lightroom et je regarde vachement les métadonnées, les dates, etc. Et je reviens souvent sur les photos de l’année passée ou des années précédentes pour savoir un petit peu où ça se trouve.

Donc ça, c’est mon calendrier de photographe, c’est comme ça que je l’utilise. Donc ça, effectivement, j’ai mes petites notes, j’ai mes petites habitudes qui se mettent en place.

Quand je vois par exemple que j’en approche de l’automne qui est ma saison préférée je pense en tant que photographe, je vais tout de suite regarder au mois de fin août déjà un petit peu, faire mon petit calendrier, ma petite planification des 2-3 mois qui vont venir en fait. Donc ça peut se traduire par différentes choses, mais c’est un petit peu ma petite démarche.

Et donc là, il y a de la planification. Encore une fois, c’est un rayon de 45 minutes, 1 heure autour de chez moi avec des choses que je connais, que je maîtrise. Après, il y a la photo qui va être un peu plus loin et sur des choses que je connais moins, par exemple une grande randonnée, une itinérance, un voyage, etc.

Et là, j’apprécie toujours le côté surprise. C’est-à-dire que j’ai appris sur pas mal de choses. Lorsque j’étais aux Etats-Unis, j’ai habité ailleurs, notamment au Pérou par exemple, j’ai appris à ne pas me frustrer si je n’arrivais pas à voir tel ou tel endroit, à ne pas me dire « j’aurais dû aller là, je n’ai pas fait ci, je n’ai pas fait ça ». Et ça, ça ne me dérange plus du tout en fait. Et la photo, c’est un peu pareil. C’est-à-dire que je vais me retrouver à des endroits où je n’ai peut-être pas allé une fois dans ma vie en fait. Il y a un truc par exemple au Pérou qui s’appelle la Cordillère Wai-Wash qui a été rendue assez célèbre par un type qui s’appelait Joe Simpson qui a fait une énorme chute en escaladant un truc.

Puis après, il a rampé entre les crevasses pendant plusieurs jours, il y a eu un film, etc. Voilà. Donc, je me suis retrouvé là à faire une randonnée de dizaines de jours, de douze jours, un truc comme ça. Il est certain que je ne vais pas y retourner demain dans cet endroit-là. Donc là, sur place, à ce moment-là, on prend ce qu’il y a.

Là, j’ai envie de dire que bien sûr, je pourrais planifier, mais je sais que je vais être déçu parce que ma planification sur douze jours, elle est impossible. Et même si je sais que là, il y a ci, là, il y a ça, il n’y aura pas forcément la lumière, je ne vais pas y arriver à l’heure prévue, etc.

Donc là, je laisse vraiment place à la surprise. J’essaye vraiment de documenter le moment, en fait. Et finalement, par exemple, je prends énormément, et ça fait toujours rire quand mal d’amis photographes.

Moi, je prends des photos en plein milieu de journée, ça ne me dérange pas. Et les photographes de paysage, ça les fait rigoler, en fait, parce qu’ils prennent beaucoup, en fait. Surtout depuis Instagram, je trouve, on prend des photos, fameuse golden hour ou blue hour, donc le matin, le soir, et puis le reste du temps, on fait la sieste ou on fait autre chose. Alors que moi, non, pas du tout.

J’ai des photos qui sont accrochées ici, que j’ai publiées, etc. sur mon site, que j’ai prises à une heure de l’après-midi parce que le sujet est intéressant, je l’illustre très différemment et ça apporte quelque chose d’autre. Donc là, c’est la photo un peu surprise, un peu sur le moment.

J’essaie d’encourager tous les jeunes qui me posent des questions là-dessus aussi à dire, n’attendez pas le coucher de soleil parce que ça se trouve qu’il va être pourri ce soir, on n’en sait rien, en été, ça peut vraiment être décevant, le coucher de soleil aussi. Sortez, prenez. Des fois, il y a un soleil de plomb, c’est nul. Bon, ce n’est pas grave, on a fait une balade, on a fait un repérage, on a profité un petit peu de l’environnement.

Et pour moi, c’est tout aussi important que de passer trop de temps à prévoir et puis derrière, ça crée une frustration. Là, j’ai un super exemple, enfin pour moi, c’est un super exemple, c’était Monolaïc. Monolaïc, c’est en Californie, c’est un lac calcanin que j’ai photographié des milliers de fois aussi.

J’y ai passé des semaines entières à camper autour, à bouger d’un coin à l’autre. Donc finalement, je n’ai pas planifié avec Google Maps et compagnie ou d’autres applications, ça n’existait pas à l’époque, mais c’était vraiment les temps présents. Donc, j’ai commencé à apprendre que si je suis de tel côté du lac à telle heure, ça fait si.

Si je vais de l’autre côté, il y a telle chose qui va se placer dans le cadre et qui va donner quelque chose d’autre.

Et au fur et à mesure, je crois que ma dernière visite à Monolaïc, ça a finalement été ma meilleure photo, qui est une photo que j’ai aussi sur mon site. C’était un peu le bol, je ne m’attendais pas à faire de la photo, j’étais parti me balader avec ma compagne et puis d’un coup, j’ai dit écoute, je suis désolé là, mais ça va être pourrir la soirée.

Je vais retourner à la voiture, prendre le matos et on va se poser là 4-5 heures. Et puis, j’ai passé 4-5 heures à faire des photos, des photos, des photos et j’en ai sorti vraiment pas mal. Je suis fier et content. Excellent.

C’est important de dire aussi par rapport à cette deuxième façon de faire, le côté ce qui vient et tu prends ce qui vient, il faut quand même une maîtrise technique aboutie puisque justement, la scène, tu ne l’as pas choisie, tu ne l’as pas programmée, tu ne l’as pas choisie, tu ne maîtrises rien sur ce qui se passe autour de toi.

Il faut une grosse force d’adaptation dans la technique photo pour essayer de faire quelque chose d’assez intéressant. Donc là, quand même, avoir un bon bagage technique, je pense que ça doit aider pas mal. Justement, par rapport à cette technique-là, tu le dis, tu es beaucoup d’autodidacte, est-ce que tu as quand même fait des vrais stages au sens de payer un photographe qui va t’apprendre le paysage ou autre chose ? Parce que moi, je l’ai fait à plusieurs reprises. Ça aide quand même beaucoup, je trouve.

Tu l’as fait, ça ? Non, je ne l’ai jamais fait en fait. J’ai plusieurs fois été tenté en fait, mais après, ce n’est pas que je n’ai pas voulu en fait. C’est plus que j’ai toujours cherché à profiter de mes erreurs en fait. C’est-à-dire que comme je l’ai dit, j’ai essayé d’apprendre. A ne plus être frustré par pas mal de choses. Donc ma première chose, c’était apprendre à ne pas être frustré par mes erreurs.

Donc effectivement, des fois, comme tu dis, ça demande parfois de réagir rapidement. Moi, je photographie quasiment tout en manuel en général. Donc aussi bien ouverture, déclencheur, etc. Vitesse d’obturation, ISO, tout ça. Enfin voilà, je choisis toujours mes réglages moi-même. Et je me suis retrouvé des fois à rentrer avec les yeux encore tout brillants. En me disant, waouh, ça va être génial.

Et puis quand j’arrive sur l’ordinateur, c’est la catastrophe. J’ai complètement foiré le truc. Parce qu’effectivement, j’ai oublié un truc, un détail. Je n’ai pas été attentif à ma vitesse d’obturation. J’ai changé d’objectif entre temps. Et j’ai oublié de faire des petits bugs comme ça. Et ça pour moi, c’est extrêmement formateur en fait.

C’est-à-dire que c’est une source de frustration. Tu as envie de tout balancer, c’est certain. Mais en même temps, ça te permet de te dire, ok, ça c’est un truc, il faut que je fasse attention, je ne ferai plus. Donc effectivement, la courbe d’apprentissage, elle va peut-être être plus lente. Mais en même temps, tu apprends beaucoup de choses. Tu apprends l’impatience, tu apprends la frustration. Donc pour moi, ça c’est super important d’un point de vue personnel.

Et derrière, tu apprends aussi pourquoi tu as fait ça. Pourquoi est-ce que c’est flou ? Pourquoi est-ce que ton coucher de soleil, il est trop exposé ? Pourquoi est-ce que l’animal que tu as pris devant toi, il ne ressemble plus à rien ? Ce genre de choses en fait. Alors après, effectivement, des fois, j’ai été tenté de me dire, ah oui, là le stage, effectivement, ça pourrait être pas mal. Mais en même temps, je n’ai jamais réussi à me trouver au moment où j’étais prêt à faire un stage de 4 jours ou 3 jours, etc.

Donc, c’est que je n’ai probablement pas pris le temps aussi. Ce n’est même pas une question d’argent là-dessus. C’est vraiment une question de ne pas avoir pris le temps de faire la démarche. Et je pense qu’effectivement, comme tu l’as dit, ça permet de faire un pas en avant rapide à mon avis. C’est vrai. Complètement vrai. Je m’en souviens d’un stage que j’ai fait avec Bastien Riu sur la photographie macro.

Une petite bête là. Et oui, il y a un avant et un après.

Tu passes une heure, une heure. Alors, ça a un coût forcément. Après, ce n’est pas non plus des cours individuels. Mais bon, voilà, c’est un investissement que tu fais pour toi, pour ta progression. Et je passe une journée avec lui en tête-à-tête. Oui, là, tu apprends des choses, tu apprends la vision. Mais même au-delà du côté technique photo, tu discutes.

Alors, si c’est un stage, ça peut être aussi un stage en groupe. Mais c’est généralement 3, 4 personnes pour le formateur. Donc, ce n’est pas non plus des grands groupes. Mais ça permet de discuter avec le formateur en l’occurrence, peut-être aussi avec les participants. Et donc, ces discussions, au-delà du côté technique, t’apportent aussi des choses, je trouve, de comprendre la vision de photographes de ces personnes-là. Donc, on ne sort aussi que du côté technique. Ça peut être intéressant.

Et ce que tu dis, je trouve hyper intéressant. C’est vraiment voir la photographie comme… Alors, c’est un peu cul-cul d’après-hine, mais un peu comme une école de la vie au sens de… Absolument. Ça te permet de… C’est important pour toi, tu l’as dit, d’apprendre la patience, d’apprendre la frustration, de gérer ces émotions-là. Donc, ce que tu as pu, toi, apprendre à gérer grâce à tes…

Ou à cause, quelque part, à cause de tes erreurs, du coup, ça peut te servir ailleurs. Moi, je pense à ma fille qui apprend la flûte traversière. Ça aussi, c’est une belle école de la vie parce que je peux t’assurer qu’il y a des soirs, c’est formidable, tout se passe comme prévu.

Et puis, le lendemain, ça va être catastrophique, elle va s’énerver. Et je trouve que c’est aussi une belle façon, quoi, de cette frustration-là, d’apprendre à gérer ses frustrations. C’est quelque chose d’hyper important. Bref, je m’égare un peu, mais ta description de l’apprentissage, je trouve hyper intéressant.

Et qui peut peut-être donner des idées aux plus jeunes qui nous écoutent, qui seraient peut-être tentés d’aller vite ou trop vite. Mais c’est bien, parfois, de tenter de faire les choses par soi-même. Encore un tout petit peu plus technique, et puis après, on ira vraiment sur la partie entrepreneuriale et puis ce que tu fais actuellement.

Photographie de paysage, pour toi, c’est synonyme de trépied, de poser, des réglages qui sont toujours un peu pareils parce qu’on l’a lu, quelque part, si on se met à F11, on va bien optimiser tout ça, par exemple. Il faut le trépied ou une autre vitesse pour éviter les micro-vibrations de quelque chose. Est-ce que tu vas faire attention à ces petits détails-là ?

Ou dit autrement, une photographie de paysage, pour toi, techniquement, en termes de réglage vraiment pur, même d’objectif, si tu pouvais te dire quelque chose d’un peu… Comment dire ? D’un peu général, ce serait quoi, pour toi ? Ouais, je pense que c’est une base, effectivement.

Quand on sait pas, en fait, je pense qu’il faut partir là-dessus, sur des réglages qui sont donnés, F8, F11, quelque chose avec une grande ouverture, en général, un objectif lumineux, un 2.8, en général, c’est pas mal mieux, si on peut se le permettre.

Quand on débute, c’est quand même assez difficile d’investir dans mieux que du 2.8, quand même, c’est déjà quand même assez coûteux. Mais bon, j’avais des objectifs en 4, en 5, 6, aussi, à la base.

Donc, effectivement, à la base, moi, j’ai envie de dire partir avec quelque chose qui marche, on sait que ça va marcher dans la plupart des situations. Et effectivement, dans la plupart des situations, on va fixer son ouverture, voilà, tu as dit F11, on va mettre un ISO bas parce qu’on a un trépied, puis on va doucement tourner l’obturateur jusqu’à arriver sur un truc qui marche.

Et ça, ça va fonctionner dans pas mal de cas. Je pense que, voilà, comme on dit souvent, en photographie, il y a des règles, je prends la règle des tiers sur la composition d’une photo, etc.

Ça marche et ça permet d’éviter peut-être des erreurs au départ. Mais en même temps, comme on dit souvent aussi, ce qui marche, c’est de s’affranchir des règles. Voilà, c’est aussi aller un peu plus loin parfois, tenter, essayer de dire, voilà…

Par exemple, quand je vais photographier des choses en pose longue, je suis allé une fois en Norvège, par exemple, faire des aurores boréales, je suis parti avec deux appareils, en fait, un où je mettais les réglages qui marchent, et puis l’autre pour expérimenter autre chose.

Et l’intérêt, c’est de faire un petit peu ces bas et biens, et je trouve que c’est important aussi de se dire de temps en temps, bon, voilà, l aurores boréales, on m’a dit, il faut se mettre en une grande… des iso monstrueux, etc.

Qu’est-ce qui se passe si je fais autre chose ? Et en expérimentant comme ça, ça nous permet de faire des erreurs, de les confronter à la recette miracle, et on se rend compte qu’en fait, il n’y a pas de recette miracle, qu’il faut essayer, qu’il faut varier. Donc là, tu m’as demandé si j’avais fait des stages, moi, j’en ai proposé aussi, on va peut-être après. Et effectivement, c’est ce que je dis en général.

En général, quand je pars là-dessus, je leur dis, voilà, vous faites quelque chose qui marche, essayez ça, ça et ça, ça donne un truc tout à fait acceptable, voire même très bien, mais ensuite, on arrête tout, vous essayez de faire votre truc à vous, on essaie de voir pourquoi ça ne marche pas, pourquoi ça marche mieux, etc.

Donc effectivement, je pense qu’au départ, il faut partir sur quelque chose qu’on connaît, qui nous donne un certain réconfort, on arrive sur la scène, on fait le truc qui marche, au moins ça donne une espèce de… une série de clichés qui va fonctionner, qui va donner quelque chose sur l’ordinateur quand on va rentrer à la maison, puis derrière, il faut essayer autre chose.

Alors bien sûr, si on a une scène inoubliable, incroyable, on va s’assurer que ça marche, mais je pense que c’est important d’apprendre un petit peu comment fonctionnent ces objectifs, quel est l’endroit où ça marche mieux, où ça marche moins bien, d’un appareil à l’autre, ça va changer aussi, j’ai deux marques vraiment différentes que j’utilise.

C’est des objectifs du coup très différents aussi que j’utilise, et je me rappelle une fois d’un photographe que je suis maintenant régulièrement sur YouTube, qui disait, ce qui est intéressant, un jour il ne fait pas beau, il n’y a rien à photographier, vous prenez votre appareil, vous sortez un objectif, vous faites plein de photos de tous les sens, en variant les ouvertures, chaque sujet, 4-5 ouvertures différentes, des vitesses différentes, vous rentrez, vous analysez, vous prenez des notes, et au moins vous apprenez à connaître votre matériel.

Et ça, je pense que c’est super important, parce que finalement, un objectif ça va être F16, l’autre ça va être F11, l’autre ça va être F8, et savoir quel objectif fonctionne comment, je trouve ça plutôt intéressant aussi. Excellent, écoute, de ce que tu dis là, ça me fait penser à deux choses, donc j’essaie de ne pas paraphraser, parce que des fois on me le reproche, tu paraphrases ce que je viens de dire à la personne, donc j’essaie de penser à ça.

Non, la première chose c’est que, moi qui viens de la photographie animalière, c’est vrai que c’est un truc que j’ai appris rapidement, c’est peut-être un conseil, je ne crois pas l’avoir expérimenté, c’est un conseil que j’applique moins, parce que je photographie moins maintenant les animaux sauvages, mais à l’époque oui, beaucoup, c’est quand tu as l’animal que tu attends qui arrive, tout de suite faire la photographie qu’il marche, c’est-à-dire qu’il marche au sens où tu es sûr que ça va être bon.

Je prends par exemple des passereaux, tu es à la fuite dans les passereaux, tu as une petite mangeoire, c’est parfait, ils viennent là, ils arrivent, en gros tu as sur le coup, avec une photographie, vitesse élevée, grande ouverture pour avoir cette vitesse élevée, pas trop monter les ISO par exemple, et tu as ta photographie, régler des tirs bien respectés, qui est propre, bien faite, dans les standards.

Une fois que tu es sûr que tu as ça, pour ne pas être frustré justement, tu t’amuses derrière, tu vas tenter des choses, vitesse lente, pourquoi pas du full mouvement avec un animal qui part, voir ce que ça donne, le décollage, les ailes floues, et tu te rends compte que la vitesse était peut-être trop basse, tout est flou, mais tu manques un petit peu, peut-être la tête sera nette, bref.

Et ça c’est à faire, j’ai envie de dire que si, c’est mon point de vue, que si avant tu t’es assuré le coup, tu aurais pu te contenter finalement d’être que photographe, c’est pas réducteur mais amateur, tu as ton métier, tu es prof en fac, de quoi ?

Non, collège lycée, collège lycée, physique, physique, chimie à la base, un peu de maths, essentiellement je suis physique, mais toujours un peu de chimie, un peu de science.

Donc prof, science, physique, tu as été, tu sais ce que tu fais pour l’instant quasiment à temps plein de ce que je sais, de ce que tu m’as dit, le temps consacré à la partie pro photographie est plutôt réduite à sa portion congrue, mais ça n’a pas toujours été le cas,

Raconte-nous un petit peu ton parcours de photographe pro, les départs, et puis après on avancera tranquillement dans le processus, mais en tout cas le départ, comment toi tu as eu envie peut-être de te dire tiens, si je gagnais des sous avec la photographie, ça s’est passé comment ?

Ça a commencé aux Etats-Unis en fait, là aussi, parce qu’il y a une certaine facilité en fait, il n’y a pas de démarche, tu n’as pas besoin d’être auto-entrepreneur ou quoi que ce soit, tu as un salaire, donc tu es employé, et tu vas juste déclarer des royalties que tu vas toucher sur les photos que tu veux en fait. Donc quand j’ai commencé à avoir un book assez complet en fait, j’ai commencé à me dire tiens, il y a des choses quand même, j’entends des choses, etc.

J’ai fait des participations à des concours en fait, qui m’ont permis de gagner un peu d’argent quand même là-dessus, de façon assez généreuse parfois.

Et donc ça, ça a été mes premières rentrées d’argent en fait, j’ai envie de dire conséquentes. À côté de ça, j’ai commencé à faire du micro-stock à ce moment-là, et pas forcément avec des paysages, parce qu’on est là dans les années 2010-2012, où le micro-stock est super exigeant à ce moment-là, ils veulent beaucoup de personnes, beaucoup de modèles, beaucoup de concepts en fait. Et donc là, en tant que prof de physique chimie, j’ai fait pas mal de photos de matériel en fait, d’expériences, de situations expérimentales, ou d’analogies, etc.

Donc c’était des challenges un peu différents, c’était une photo totalement différente de ce que je faisais, et ça m’a permis de mieux gérer un petit peu ces clichés d’intérieur, avec des lumières, avec des mises en situation, en juxtaposant différentes choses, par exemple une molécule d’éthanol avec un verre de vin, des choses comme ça en fait. Donc il y a des concepts qui étaient assez intéressants.

Donc là, c’était un peu le début de la photo rémunérée, donc ça a été une surprise au départ de voir que finalement je pouvais gagner de l’argent avec ça, et ça a été le début d’idée en fait, c’est-à-dire que là, j’étais enseignant toujours à Houston, je suis resté 7 ans à Houston, et puis encore une fois, la facilité de déclarer tes revenus, de ne pas avoir des démarches administratives complexes, de ne pas avoir des différents statuts à gérer en parallèle, a fait que ça a été facile, voilà, tout simplement.

Après Houston, je suis parti au Pérou, et là c’est encore plus simple parce qu’il n’y a rien qui est mis en place, mais en même temps j’étais rattaché à la France à ce moment-là, j’étais détaché de la France, j’étais enseignant français dans une école française, et du coup ça devenait un peu plus compliqué déjà d’un point de vue fiscal, etc.

Donc là, j’ai peut-être été moins actif dans ce domaine-là, dans le domaine professionnel, et puis surtout dans la recherche de ce que je pouvais faire avec.

Et puis en rentrant en France, après ces 3 années au Pérou, donc ça faisait 10 ans que j’étais parti à l’étranger, j’ai eu un peu la claque, donc comme beaucoup, je crois que j’ai bien compris, tu as connu un petit peu ça aussi, voilà, je suis arrivé un peu écoeuré de l’enseignement en France en fait, pour ne pas le dire autrement, et là du coup une envie très très très forte de passer à autre chose.

Donc je me suis mis 2 options en fait, la première option c’était la photographie, donc je me suis déclaré comme artiste-photographe, ce que je vis toujours pour le moment, puis pour très longtemps, je vais en parler dans quelques instants, donc j’étais artiste-photographe à ce moment-là, ce qui me permettait de garder mon statut de fonctionnaire, et de pouvoir passer du temps sur ma passion et de la transformer en autre chose en fait.

Même s’il y a quand même énormément de restrictions avec ce statut-là, je ne pouvais pas faire beaucoup de choses, et j’étais vraiment dans le cliché contemplatif, etc.

Donc ça c’était quand même une grosse restriction. Juste effectivement, pour ceux qui écoutent qui seraient fonctionnaires, profs par exemple, et même pour ceux qui sont d’ailleurs salariés, le fait de se libérer en tant qu’auteur-photographe, et bien c’est cumulable avec n’importe quel métier à côté, sans forcément avoir besoin de le dire, notamment pour ceux qui n’ont pas besoin de le dire à son employeur, à l’Education Nationale par exemple.

Donc c’est vrai que c’est très pratique de ce côté-là. En revanche, tu l’as dit, il y a des vraies limitations en termes de ce qu’on peut vendre, de manière très claire. Oui, complètement.

C’est vrai qu’on est sur du cliché, on vend le cliché, on vend l’œuvre, on a des limitations en termes du nombre de clichés qu’on peut vendre, on ne peut pas le vendre n’importe comment, il faut que ce soit signé, il faut que le photographe ait suivi le processus d’impression, etc. Donc il y a quand même pas mal de restrictions, et puis on ne va pas pouvoir aller faire un mariage, ou faire un événement sportif, etc.

Ou alors il faut le vendre comme œuvre artistique, ce qui devient très compliqué à justifier, enfin voilà, ça peut être compliqué. Donc là pour moi ça a été en même temps une ouverture, parce que d’un coup je pouvais, en France, tout en étant enseignant, je pouvais avoir un hobby qui me rapportait de l’argent à côté de ça, tout en ayant effectivement des contraintes, parce que ça demande beaucoup de temps, et puis vivre de son statut d’artiste photographe, c’est compliqué.

Mais ça me permettait d’ouvrir une porte, surtout qu’en parallèle à ça, j’ai aussi commencé une formation d’accompagnateur en montagne, que j’ai terminée depuis, et du coup ça m’a permis de mettre en place cette idée de faire des stages, des randonnées photo, des bivouacs photo, et donc d’emmener du monde dehors pour faire des photos de choses que j’aimais.

Leur faire découvrir une façon différente de faire des photos parfois, de lutter un peu contre l’instagrammisation de la photo aussi, si je peux le dire, c’est-à-dire que mon but c’était de leur montrer qu’une belle photo c’était pas forcément une photo qu’on avait déjà vue sur Instagram, et que le paysage que tout le monde a envie de voir n’est pas forcément celui qui produira la meilleure photo, parce qu’on sera difficilement aux mêmes conditions que la photo qu’on a vue sur National Geographic ou Instagram, etc.

Donc c’était de profiter un peu plus du milieu extraordinaire qui est offert, une forêt, une montagne, quelle qu’elle soit en fait, pour introduire des éléments de photo, de technique, de composition, et de nature en même temps grâce à ce diplôme d’accompagnateur en montagne.

Donc ça ça a été, on en arrive dans les années juste avant le Covid, 2020, donc 2020 j’ai eu ce statut d’auteur-photographe qui a été très compliqué à mettre en place parce qu’avec le Covid tout a été un peu fermé, donc je peux pas dire que j’en ai fait une expérience extraordinaire à ce moment-là, parce que c’était compliqué à ce moment-là de faire marcher une entreprise, mais en même temps ça m’a permis d’ouvrir le concept et les idées, c’est-à-dire que là maintenant j’ai mon diplôme d’accompagnateur, je peux amener des gens en montagne assez loin, etc. ,

Je peux faire des bivouacs, j’ai fait pendant mon stage d’accompagnateur des sorties photos qui ont été plutôt très sympas, comme tu l’as dit avant quand tu parlais des stages, j’ai rencontré des gens qui sont devenus des amis, donc il y a des discussions, des échanges, des partages, des approches différentes, et voilà il y a un peu le prof en moi qui ressurgit à ce niveau-là, c’est-à-dire que pour moi l’enseignement que ce soit de la photo ou autre, ça va jamais dans un seul sens en fait, c’est toujours un échange, et donc tu reçois des choses des autres aussi.

Le côté un peu presque, le mot est un peu fort pour le moment, mais presque Eldorado que tu as vécu quand tu t’es lancé aux USA et puis au Pérou, tu ne l’as pas retrouvé là en France, bon il y avait le contexte du Covid forcément, j’ai l’impression qu’il y a eu une différence quand même d’état d’esprit, ça on le sait par rapport aux Américains et par rapport aux Français dans l’entrepreneuriat, mais même par rapport aussi à tout ce qui concerne la législation.

Alors c’est vrai que du coup moi je n’ai que ce prisme de l’administration française et du législatif français, d’un côté on peut dire que ce n’est quand même plutôt pas trop mal fait parce que ça protège quand même les statuts, ils sont assez protecteurs, j’ai l’impression qu’on ne peut pas, ce n’est pas faire de la politique, ce que je dis là ce n’est pas le sujet, mais je trouve quand même qu’il y a un côté protecteur, c’est-à-dire qu’il y a des statuts qui permettent d’être protégés, en gros la sécu, tu vas cotiser ça parce que l’argent met dans le retour ta responsabilité, ce que tu ne peux moins avoir aux USA j’imagine, tu ne peux pas avoir le beurre de l’argent du beurre.

Absolument, le photographe indépendant aux Etats-Unis, il peut avoir une vie compliquée en fait, il va falloir vraiment qu’il mette des croix sur certaines choses au début de carrière, une assurance santé aux Etats-Unis ça coûte extrêmement cher si tu n’as pas un employeur, si tu es indépendant, il va falloir avoir un chiffre d’affaires conséquent avant de pouvoir se payer quelque chose de correct tout simplement.

Moi j’ai été employé à ce moment-là donc c’était facile, et encore une fois comme mon occupation principale c’était l’enseignement avec une assurance santé à ce moment-là qui était absolument incroyable, j’avais énormément de chance parce que du coup je déclarais tout en royalties et c’était facile, donc je cours-circuitais énormément de choses en fait.

En rentrant en France, j’ai un peu la même chose finalement, j’ai une occupation principale qui me permet d’avoir mon assurance maladie, ma retraite etc. donc je ne vais pas dépendre de mes cotisations liées à la photographie pour ma retraite derrière en fait.

Donc ça c’est quand même relativement intéressant et puis comme tu l’as dit, déclarer un statut d’auto-entrepreneur c’est facile. Ce qui est compliqué en fait c’est le cumul des emplois. Aux Etats-Unis tu veux faire trois boulots, c’est ton problème, tu fais trois boulots en fait.

Il y a des gens qui ont effectivement deux boulots, ils font barman le soir, ils font autre chose durant la journée, c’est assez classique, ça peut être compliqué à gérer pour eux mais c’est quelque chose de personnel. Ça en France, le cumul des statuts, le truc typique, là je défonce les portes ouvertes, je suis prof, j’ai réussi lorsque j’étais accompagnateur en montagne stagiaire à être auto-entrepreneur, accompagnateur en montagne et artiste photographe en même temps.

Donc à chaque fois, j’ai dû me batailler, ça a pris six mois de démarches administratives pour réussir à prouver que voilà. Mais au final c’était bon, tu es un gros paresseux, tu ne fous rien comme prof, du coup tu as le temps de faire autre chose.

C’était un peu le cliché que j’ai entendu régulièrement quand même. Mon boulot de prof, je le prends toujours à cœur, je suis vraiment perfectionniste dans ce domaine-là. Mais en même temps, emmener des gens en forêt, en montagne, c’est un peu une passion aussi, c’est vraiment une envie de partage et ça ne m’empiète pas sur mon travail principal.

Pareil pour la photo, quand tu fais de la photo en tant que passionné, tu peux réussir à faire quelque chose de solide qui te permet vraiment d’arrondir les fins de mois sans que ça empiète sur ton activité principale.

Donc finalement, en retour en France, c’est le côté, la claque que tu as prise par rapport à la façon d’enseigner en France qui ne correspondait plus ou pas à tes standards puisque toi, tu n’avais vu qu’autre chose dans des pays étrangers, notamment aux USA, qui a donné le déclic de vouloir t’offrir une espèce d’opportunité, une fenêtre quelque part, une possibilité en plus de Big Furky en tant que professionnel dans la photographie. Ça a été ça.

En termes vraiment précis, sans forcément parler des chiffres, mais ce côté auto-entrepreneur que tu es, non, tu ne l’es pas encore. Si, je le suis pour l’accompagnateur en montagne, mais je suis toujours artiste photographe pour la photo. Parce que tu as pris des dizaines de milliers de photographies et tu as probablement un gros stock de photographies qui sont toutes plus belles les unes que les autres dans des domaines très différents, dans des lieux très différents. J’ai l’impression qu’un catalogue de photographies aboutit assez conséquent.

Est-ce que ça, ça pourrait être suffisant, par exemple, pour vendre les droits d’usage, par exemple ? Ne serait-ce que, je ne sais pas, mais tu as un tourisme, une entreprise, une institution qui veut illustrer sa communication. Toi, en gros, tu dis, moi j’ai tout ça, piochez et vous me facturez ce que vous prenez.

Est-ce que c’est quelque chose que tu exploites, que tu as déjà fait, que tu comptes faire peut-être ? Alors, c’était l’idée, effectivement. Le début, quand j’ai commencé à déclarer, quand je suis revenu en France, en fait, en 2018, j’ai commencé à démarcher un petit peu. J’avais des amis anglais qui travaillaient dans tout ce qui était communication de marque outdoor, en fait.

Donc, j’avais commencé à travailler avec eux, à travers eux, avec une marque de montre suisse, par exemple, etc. Donc, ça pouvait être du cliché sur commande, ça pouvait être différentes choses. Toujours dans un contexte, entre guillemets, artistique, où je devais facturer au cliché, en fait. Je ne pouvais pas dire une séance de shooting, c’était temps et temps. C’était, par exemple, 50 clichés, c’est ça. Voilà, exactement. Donc, du coup, c’est assez complexe.

Et puis, là-dessus, je me suis retrouvé avec le Covid. Donc, toutes les démarches-là ont été avortées. Par exemple, l’entreprise de montre a déclaré faillite, en fait. Elle a été rachetée par une entreprise indienne qui a mis la marque à la porte derrière. Donc, elle n’existe plus actuellement, aujourd’hui. Et donc, plusieurs choses comme ça qui sont parties un petit peu à la trappe. Pareil, j’habitais à ce moment-là pas loin de Grenoble.

Les offices du tourisme étaient un petit peu sur le recul à ce moment-là, parce qu’il n’y avait pas de tourisme, c’était bloqué. Donc, c’était un petit peu compliqué. Mais mon idée, c’était effectivement ça.

C’était du démarchage. Il y avait quand même pas mal d’idées à ce niveau-là. Et puis, j’envisageais, quand tu parlais de chiffres, à ce moment-là, mon objectif, c’était, sur la première année, d’essayer de dégager un chiffre d’affaires de 5 000 euros. Donc, c’était relativement modeste. Ça ne me permettait pas d’en vivre. Mais c’était pour ouvrir la porte, pour vraiment me construire une lampe de rancement et puis essayer de décoller derrière. Ok. C’est super intéressant.

Et puis, en fait, ce que tu dis là, ça me fait penser à autre chose. Il y a plein de façons. Il y a pas non plus des millions, mais il y a quand même pas mal de façons de gagner sa vie en tant que photographe.

Toi, tu es allé sur le côté artiste-auteur, c’est la façon la plus simple au départ, en tous les cas, avec toutes tes photographies sur commande ou à la vente, par exemple, avec une boîte d’usage, et aussi l’enseignement, les stages photo que tu proposes, avec en plus cette activité d’accompagnateur en haute montagne, c’est ça ?

Haute montagne ? Moyenne montagne, moyenne montagne. Qui modifie pour un diplôme, qui ne s’improvise pas, c’est quelque chose de lourd dans la formation.

Est-ce que le… J’ai deux questions. La première, c’est, qu’est-ce qui fait quelque part que tu n’es pas allé sur le côté, peut-être, shooting, du mariage, de la photographie…

Alors, je mets les gros guillemets, parce que je sais qu’il y en a qui n’aiment pas trop qu’on dise ça, mais la photographie dite sociale, au sens de photographier les humains, mais dans des commandes, donc les shootings portraits, ce genre de choses-là. Tu aurais pu aussi y aller sur ce terrain-là. A priori, non. Qu’est-ce qui fait que tu n’as pas fait ça ?

Oui, alors, c’est… Au départ, en fait, je pense que j’ai voulu rester dans quelque chose que je maîtrisais, vraiment. J’ai fait un petit peu de mariage aux États-Unis, avec des amis, des connaissances, etc. , mais sans forcément délivrer les photos, parfois pour moi, simplement par curiosité. Et donc, du coup, il y a un côté super intéressant à ça, c’est qu’à chaque fois, c’est différent. C’est un peu unique, en fait, et donc, du coup, il faut réagir.

Et j’aime beaucoup le côté réaction, en fait, où il va falloir être rapide et il va falloir essayer de capturer des émotions, des regards, des interactions entre les humains, justement.

Donc, ça peut être du mariage, ça peut être des événements divers et variés, ça peut être une sortie en montagne, un événement commercial, etc. Donc, ça, effectivement, ça aurait pu être intéressant par la suite, mais mon plan, à ce moment-là, c’était d’essayer de me dégager, effectivement, de cette espèce de rampe de lancement. Donc, commencer par bâtir sur ce que je pouvais faire. Comme tu l’as dit, j’ai des milliers de photos dans mes disques durs, etc.

Donc, il y a une base derrière qui est assez solide et conséquente, qui me permettait, effectivement, de proposer des choses rapidement, sans toujours être confronté à ce problème du temps, en fait. Comme je l’ai dit, il y a beaucoup d’activités qui sont télescopées, en fait, et donc, gérer le temps, s’octroyer aussi un petit peu de temps personnel pour d’autres activités, c’était quand même assez complexe, et du coup, ça nécessitait forcément des sacrifices.

Mais on m’a proposé, effectivement, lorsque je suis parti en Suisse, et là, à ce moment-là, on m’a proposé parfois des choses sur l’événementiel côté français.

Mais là, du coup, il y avait des problèmes de distance, etc. qui rendaient les choses un peu compliquées. Mais effectivement, c’est quelque chose qui aurait pu m’intéresser. Maintenant, j’ai toujours essayé de rester dans un certain cadre, en fait, c’est-à-dire que j’avais envie d’essayer d’aller dans ce que je maîtrisais, dans ce que je pouvais continuer à vendre.

J’ai été contacté une ou deux fois dans les Vosges du Nord, par exemple, pour des mariages. Mais c’est très difficile pour moi de dire, voilà, je vais faire du mariage, mais je n’ai pas forcément une expérience là-dedans. Pourquoi est-ce que, finalement, je ferais concurrence à un collègue qui lui vit de ça, en fait, alors que moi, ce serait peut-être plus par expérience, par curiosité que j’allais le faire.

Et puis, je ne suis pas sûr de pouvoir rivaliser avec un type qui fait ça depuis 20 ans aussi. Enfin, je suis sûr que je ne pourrais pas rivaliser, d’ailleurs. Donc, il y a un petit peu de ça aussi, c’est de ne pas marcher sur les plates-bandes de tout le monde. Je me dis quand même, finalement, tu n’es pas quelque part formé à ça.

Est-ce que tu parlais tout à l’heure aussi des standards, des canons que les photographes de mariage sont peut-être un petit peu, attention, je ne vais pas être insultant, mais parfois fermés, parce que, finalement, on vit une photographie de mariage, on ne fait que ça, on est entre collègues, on se rencontre, et on se forme auprès d’autres photographes de mariage.

Bref, même si ça peut être dans des thématiques différentes, malgré tout, on est un peu là-dedans. Est-ce que, finalement, toi, je pense, je fais une parenthèse dans la parenthèse, mais Vincent Munier, je m’en souviens, il avait fait des photos pour illustrer les covers d’une artiste, d’une chanteuse, tu vois.

Et il faisait des photographies qui étaient hors normes, parce que lui, il avait apporté deux photographes nature, animaliers qu’on connaît évidemment.

Peut-être que toi, finalement, tu pourrais apporter aussi quelque chose de très différent. Il y a peut-être des gens en France, dans le monde, qui ont besoin, des futurs mariés, qui aimeraient peut-être avoir une touche vraiment très différente, tu vois. Oui, c’est ce qu’on m’avait dit la même chose, lorsque j’avais été approché pour un mariage dans les Vosges du Nord. C’était effectivement le côté décalé qui les intéressait à ce moment-là.

C’était, bon, déjà, premièrement, quelqu’un qui pouvait faire le témoignage, quand même, derrière, parce que c’est quand même un souvenir. Mais derrière, c’était le regard décalé, effectivement, qui les avait intéressés.

Et donc, effectivement, je peux comprendre ça quand j’ai fait mes photos de mariage. Effectivement, je vois des choses décalées, je suis moins sur du gros plan, je suis plus sur de la contextualisation, des compositions qui se rapprochent de ce que je sais faire en paysage, par exemple.

Et effectivement, là, il y a quelque chose à faire, c’est certain. Pareil, sur l’événementiel, quand j’avais été approché pour des événements dans le Val d’Abondance, liés à l’accompagnateur en montagne, etc. , il y avait moyen de faire des choses aussi. Il y a effectivement des choses très intéressantes à faire, avec toujours cette espèce de contextualisation qui me tient un peu à cœur. Donc, on a forcément un regard différent.

Et puis, l’exemple de Munier, alors, Munier, c’est encore une dimension stratosphérique, à côté de moi. Mais du coup, effectivement, je comprends complètement la démarche. Oui, complètement. Il y a un photographe, et là, juste, je vais en parler, évidemment, j’oublie. Non, mais ça, si je suis coutumier du fait et ceux qui m’écoutent, ils ne seront pas étonnés. Ah oui, ça revient. Stanley Leroux, qui est photographe, à la base, photographe de paysages.

Et en fait, il est allé sur le terrain de la photographie de Motocross. Donc, un monde qui n’a rien à voir avec ce qu’il fait. Et parce que, je pense, à la base, il devait être aussi passionné, en tout cas, il avait une espèce d’appétence pour ce monde-là, quand même. Et c’est vrai que ses photographies étaient complètement différentes de ce que, pour notre collègue, finalement, photographe, avec des points de vue au grand angle, au ras de terre, avec des coups de flash, par exemple, tu vois.

Et ça lui a permis de… Il s’est fait connaître, en fait, vraiment, il l’a exploité en tant que photographe dans ce milieu-là. Ça lui a ouvert des portes et après, il est revenu sur ses premiers amours de photographe de paysages et il a pu, financer des voyages.

Mais tu vois, c’est vraiment, d’abord, une espèce d’approche très différente, très marquée qui lui a permis de se distinguer et donc, de se faire connaître. Sur le côté communication, j’ai l’impression que tu fonctionnes pas mal sur le réseau. Tu n’osas pas parler mais le côté un peu réseautage, ce n’est pas un mauvais mot.

Est-ce que tu parles d’amis que tu avais, les anglais, pour la marque de montre mais tu as dit aussi des rencontres que tu as pu faire. Comme tu as baroudé, tu as pas mal de connaissances. Je veux dire, tes clients viennent principalement de ce réseau que tu as pu te constituer sur toutes ces années-là. Si oui, à la limite, comment tu peux l’exploiter à fond ?

Sinon, comment tu communiques aussi autrement pour aller chercher quelque part tes clients, notamment dans la formation mais aussi peut-être des clients qui auraient besoin de tes images ? Oui, c’est vrai qu’il y a un peu de tout.

Là-dessus, j’ai essayé de cultiver la base. C’est les connaissances, les gens qu’on a rencontrés, c’est les opportunités. Là, par exemple, les amis anglais, c’était des gens qui sont devenus des amis mais qui un peu comme nous deux là, aujourd’hui, on s’est rencontrés sur Instagram parce qu’ils cherchaient des illustrations de photos outdoor.

Et puis, sur mon site, j’ai une partie blog, ils avaient récupéré quelques articles de mon blog pour mettre en avant le côté qu’ils voulaient promouvoir en fait. Donc, ça leur donnait du contenu assez rapidement. Et puis derrière, ils sont partis sur des marques, etc. Donc là, ils ont une activité un peu différente maintenant parce qu’avec le Covid, eux aussi, ils ont un peu souffert et ils ne sont plus forcément sur de l’outdoor uniquement.

Mais voilà, c’est du réseautage qui a commencé un peu comme ça. Beaucoup d’opportunités. Aux États-Unis, c’était pareil en fait. Tu rencontres quelqu’un, tu gardes un e-mail, tu as un ami d’un ami, tiens, tu vas le rencontrer, ça marche comme ça. Donc ça, ça te donne une petite base en fait qu’il faut cultiver. Cette base-là aussi, elle va te permettre de vendre un agrandissement. Du coup, tu laisses des cartes de visite qui se répandent un petit peu à gauche, à droite.

Et puis, le bouche-à-oreille, ça marche quand même de façon très efficace. J’ai envie de dire que ça marche mieux qu’un réseau social. Le problème, c’est qu’il y a moins de monde. Un réseau social, si tu as 1000 abonnés et qu’il y en a 2 qui te passent une commande, finalement, c’est super. Et ça marche comme ça alors que dans le bouche-à-oreille, tu vas avoir beaucoup moins de monde mais tu vas peut-être avoir plus de commandes finalement derrière. Après, c’est un peu comme ça.